Entre la dernière journée des play-offs, à Westerlo, le 24 mai dernier et le 26 juillet, date du premier match de championnat à la RAAL, beaucoup d’eau aura coulé sous les ponts au Standard. Nouveau CEO avec Giacomo Angelini, nouveau directeur sportif en la personne de Marc Wilmots, nouvel entraîneur avec Mircea Rednic et surtout nouvel état d’esprit au niveau du mercato.
Si ces dernières saisons, Fergal Harkin avait majoritairement fait appel à des prêts pour trouver des solutions de courte durée pour fabriquer un noyau avec le peu de moyens mis à sa disposition, Marc Wilmots a opté pour la vision long terme.
Un changement de cap nécessaire au vu du peu de joueurs encore sous contrat en début de saison, seulement une quinzaine. Attila Szalai, Marko Bulat, Andrea Hountondji, Sotiris Alexandropoulos, Jean Lazare Amani et Andi Zeqiri sont rentrés dans leur club à la fin de leur prêt. Seuls Dennis Eckert Ayensa et Ilay Camara ont vu leur option d’achat être levée. Mais pour ce dernier, le séjour en bord de Meuse s’arrête tout de même puisqu’il a rejoint Anderlecht, son club formateur, contre 4,5 millions d’euros.
Du long terme plutôt que du bricolage
Le chantier de Marc Wilmots était donc énorme et contrairement aux années précédentes où de nombreux transferts ont été effectués dans les derniers jours du mercato, l’ancien sélectionneur des Diables a opté pour un mercato agressif.
Avec déjà neuf signatures alors que l’on est seulement à la mi-juillet, l’ancien attaquant des Rouches n’a pas chômé. Et contrairement aux saisons précédentes, les neuf joueurs débarqués en bord de Meuse ont signé un contrat de plusieurs saisons.
Mais ce n’est pas pour autant que Marc Wilmots a fait sauter la banque. Sur les neuf signatures, six joueurs sont arrivés libres et aucune indemnité de transferts n’a donc dû être payée. Un choix malin, d’autant plus que les nouveaux Rouches ne manquent pas de qualité.
Entre joueurs libres, paris et joueurs à relancer
Nayel Mehssatou a été un des seuls à surnager à Courtrai la saison dernière et Marco Ilaimaharitra a longtemps été une valeur sûre du côté de Charleroi et a semblé monter en puissance lors de la préparation. Thomas Henry a, de son côté déjà fait trembler les filets de Pro League il y a quelques saisons et son jeu dos au but pourrait s’avérer très utile dans la construction. Lucas Pirard connaît, lui, parfaitement la maison et fera une bonne doublure à Mathieu Epolo. Les deux seules inconnues résident en Josué Homawoo, défenseur central togolais débarqué de Roumanie qui semble costaud dans les duels, et en Tobias Mohr, qui évoluait à Schalke et dont la patte gauche a déjà offert quelques belles phases arrêtées en préparation.
À côté des joueurs arrivés libres, le Standard a également délié les cordons de la bourse pour s’offrir de la qualité à certains postes fort peu fournis. Un petit million pour tenter de relancer Casper Nielsen, un peu moins d’un million pour Adnane Abid, révélation de Challenger Pro League la saison dernière et qui a déjà montré toute l’étendue de son talent lors des matchs amicaux et Rafiki Saïd, débarqué pour 2,5 millions pour renforcer des ailes bien dégarnies les dernières saisons.
S’il semble encore manquer un peu de profondeur à certains postes, notamment à l’arrière gauche où l’on connaît la fragilité physique de Boli Bolingoli, le noyau des Rouches semble déjà plus équilibré et offre à Mircea Rednic un peu plus de flexibilité tactique, lui qui a déjà tenté plusieurs formations lors des matchs de préparation.
Avec quelles ambitions ?
Septième de la dernière phase classique, à six points de se glisser dans les Champions Play-offs, le Standard a pourtant connu une saison catastrophique, comme l’ont témoigné des Europe Play-offs soldés par une dernière place et aucune victoire en dix rencontres, pour un triste record de 30 rencontres consécutives sans victoire en PO2.
Avec seulement 22 buts inscrits durant les 30 matchs de phase classique, les Rouches ont peiné devant le but, la faute notamment à un fond de jeu quasi inexistant. Alors pour aborder la saison 2025-2026, les grands moyens ont été employés. Giancomo Angelini a pris le poste de CEO, Marc Wilmots celui de directeur sportif et Mircea Rednic a remplacé Ivan Leko sur le banc de touche.
Un grand ménage qui vise à ramener de la stabilité en bord de Meuse après les années compliquées passées sous la houlette de 777.
Ramener l’esprit Standard
Et l’objectif est de directement partir sur d’autres bases comme l’avait indiqué Marc Wilmots sur le plateau de la RTBF peu après sa nomination : « On peut laisser les 3-4 dernières années pénibles de côté. On peut redémarrer d’une page blanche et reconstruire le club ».
Difficile donc d’établir des objectifs chiffrés ou de parler de top 6. Pourtant, Pierre François, lui aussi revenu en Cité ardente en tant que manager général s’était montré optimiste lors de la présentation de Marc Wilmots à la presse : « L’ambition aujourd’hui, de Giacomo Angelini, Marc Wilmots et moi-même, c’est que le Standard puisse reprendre des couleurs, revenir rapidement vers le top. Étape par étape, évidemment ».
Un avis que partage évidemment Marc Wilmots, qui avait tenu à parler d’ADN plutôt que d’objectif pour la saison : « Je n’ai jamais été habitué à voir le Standard non dominant, je ne reconnais plus mon club. Je comprends donc que des gens soient frustrés ».
Ramener de la fierté mais surtout faire rêver, cela semble être le mot d’ordre à l’aube de la nouvelle saison. « Il est temps de revivre des soirées européennes à Sclessin. C’est un challenge immense, mais le contexte dans lequel il nous est proposé, me semble devoir être saisi », s’était d’ailleurs avancé Pierre François.
Mircea Rednic veut instaurer un jeu plus offensif
Du côté de Mircea Rednic, revenu pour une deuxième pige à Sclessin à 63 ans, l’objectif est également de retrouver une vraie communion avec son public à travers le jeu proposé, avant de parler de résultats : « Les joueurs doivent savoir ce que représente le Standard, ils doivent avoir « l’esprit Standard ». Je pense que c’est ce qui a manqué ces dernières années ici ».
Et pour faire vibrer Sclessin, le coach roumain veut instaurer un système bien différent de celui utilisé par son prédécesseur Ivan Leko : « J’espère qu’on va mettre plus de pression sur l’adversaire, se créer plus d’occasions, marquer plus de buts, développer un jeu basé sur la possession ».
Les Champions Play-offs sont-ils atteignables ?
Le Standard a bouclé sa saison 2024-2025 par un trentième match consécutif sans gagner en PO2. Un triste bilan qui colle bien avec la saison catastrophique qu’ont vécu les Rouches et leurs supporters. Incapables de marquer, 22 buts en 30 matchs de phase classique, les hommes d’Ivan Leko ont cependant échoué à seulement six points des PO1.
Un constat qui doit permettre aux Liégeois d’aborder la saison 2025-2026 avec de l’optimisme. Si une saison aussi morose a failli connaître un dénouement positif, un exercice débuté dans de meilleures conditions et avec de meilleures armes entre les mains peut leur permettre d’atteindre les Champions Play-offs.
Un mercato intéressant, des principes positifs, les bases semblent plus saines
D’autant plus que les Rouches repartent d’une page blanche comme l’a lui-même annoncé Marc Wilmots, revenu en tant que directeur sportif. Nouvelle direction, nouvel entraîneur et beaucoup de nouveaux joueurs, le Standard semble vouloir faire table rase de son histoire sous 777.
Pour ce faire, Marc Wilmots a tablé sur un mercato agressif avec neuf arrivées en ce début de mercato. Des transferts intéressants qui devraient permettre à Mircea Rednic de proposer plus de contenu qu’Ivan Leko. Adnane Abid a déjà montré de belles qualités techniques en préparation et devrait amener de la folie qui pourrait enflammer Sclessin. Avec Thomas Henry, les Rouches ont peut-être enfin retrouvé un joueur capable de planter une quinzaine de roses sur la saison. Enfin, le cœur du jeu a été solidifié avec les arrivées des expérimentés Nielsen et Ilaimaharitra et du polyvalent Mehssatou.
Un noyau mieux équilibré sur lequel Mircea Rednic veut s’appuyer pour refaire vibrer Sclessin. Si l’entraîneur roumain n’a pas réussi partout où il est passé, sa philosophie matche parfaitement avec le club liégeois. Lors de son premier passage, il avait déjà réussi à souder un groupe qui a entraîné dans son sillage un Sclessin qui faisait peur à l’adversaire.
Là où Ivan Leko prônait une défense de fer et a petit à petit fait baisser l’ambiance, la volonté de Mircea Rednic d’aller de l’avant pourrait raviver la flamme.
Une équipe à créer et des buts à marquer
Cependant, il faut rester réaliste. Si le mercato est intéressant, le Standard manque de moyens financiers et certaines arrivées sont des paris. Marco Ilaimaharitra était resté six mois sans jouer avant de rejoindre Courtrai la saison dernière, Casper Nielsen et Thomas Henry ont également peu joué, il faudra donc tenter de relancer plusieurs éléments.
Si chaque transfert pris indépendamment peu être considéré comme intéressant, Mircea Rednic va devoir créer un groupe. Avec seulement une quinzaine de joueurs sous contrat pour reprendre la saison, le noyau des Rouches a vu de nombreuses arrivées et il va donc falloir que la mayonnaise prenne. Si l’on a déjà vu de belles choses lors des matchs amicaux, avec notamment une première mi-temps plutôt aboutie face à Lens, le manque d’efficacité devant le but, stigmate de la saison écoulée, ne semble pas totalement avoir disparu avec de nombreuses occasions manquées.
Il reste donc du pain sur la planche avant le premier match de championnat le 26 juillet sur la pelouse de La Louvière, mais certains signaux semblent tout de même positif. Proche du top 6 la saison dernière malgré des prestations plus que décevantes, les Rouches doivent pouvoir ambitionner une participation aux Champions Play-offs, même si cela dépendra évidemment autant d’eux que des prestations des autres équipes du top.