« J’étais déjà à bout avant même le début du Tour » : Evenepoel revient sur son abandon

À bout de force, Remco Evenepoel a dû se résoudre à abandonner sur la 14e étape du Tour de France. Ce jeudi soir, le champion olympique s’est livré dans un message touchant sur Instagram, expliquant les raisons de sa méforme.

circus
Photo
BELGA

Après plusieurs jours compliqués où il n’a cessé de se battre, Remco Evenepoel a renoncé sur la 14e étape du Tour de France. Visiblement gêné, en panne de jambes, le porteur du maillot blanc avait dit stop, les larmes aux yeux. Un abandon sur lequel il est revenu sur Instagram dans un long message touchant, montrant que l’homme était touché.

« Ce qui devait être le point d’orgue de ma saison s’est transformé en déception. Le Tour de France était mon grand objectif. Après ma chute en décembre, tout ce que j’ai fait avait un but clair : être prêt à temps pour juillet. Cet objectif m’a donné un cap, mais il a aussi créé beaucoup de pression », avoue d’emblée Evenepoel.

« Les mois d’hiver, normalement la période où l’on construit une base solide pour la saison, ont été pris par la rééducation et la récupération. Je n’avais d’autre choix que d’être patient : je devais guérir. Une fois enfin autorisé à m’entraîner à nouveau, tout s’est accéléré d’un coup. C’est devenu une course contre la montre permanente : une course pour revenir à temps pour les classiques d’avril, une course pour monter en altitude, une course pour être prêt pour le Tour… J’ai toujours eu l’impression de devoir rattraper mon retard. À l’entraînement, je ne me suis jamais vraiment senti moi-même : les sensations habituelles n’étaient pas là, mais j’ai continué à y croire. Je ne voulais pas abandonner ce rêve », retrace le champion olympique.

« J’étais déjà à bout avant même le début du Tour »

La suite, ce sont des événements qui se sont enchaînés et qui ont continué à mettre des bâtons dans les roues d’Evenepoel, jusqu’à l’amener à dire stop :

« On pensait que le repos forcé pendant la rééducation m’avait donné suffisamment de ressources. Mais en réalité, mon corps n’a jamais eu de break, il continuait à lutter pour guérir des fractures et du traumatisme de la chute. Avec du recul, je n’étais pas en surentraînement, mais j’étais clairement épuisé. J’étais déjà à bout avant même le début du Tour.

Et puis, juste avant le Tour, j’ai eu un autre accident. Au championnat de Belgique, je me suis à nouveau cassé une côte. Pas la pire blessure, mais clairement pas l’idéal. Je me suis donc présenté au départ de la course la plus dure du monde avec une côte cassée et un corps fatigué. Pas la meilleure combinaison. Mais je ne voulais pas abandonner ce but pour lequel j’avais tant lutté.

Malgré tout, j’ai tout donné. J’ai réussi à gagner une étape, à porter le maillot blanc plusieurs jours et à figurer haut dans le classement général. La première semaine s’est plutôt bien passée, compte tenu de tout ce que j’avais vécu. Mais pendant la deuxième semaine, j’ai commencé à payer le prix de tous ces efforts. Je tenais bon, mais au fond de moi, je savais que je n’étais pas à mon meilleur niveau. Jusqu’au moment où, enfin, mon corps a dit ‘stop’.

« J’ai craqué, et étrangement, j’en suis fier »

Au bout de douze jours, j’ai craqué. Tout ce que je portais en moi a fini par me rattraper. Mais même là, je ne voulais pas abandonner. J’ai lutté aussi fort que possible. Pour vous, mes fans, je voulais donner jusqu’à la dernière goutte de ce qui me restait. Mais deux jours plus tard, je me sentais complètement vidé. C’est là que j’ai pris la décision de descendre du vélo. Et en plus, les premiers signes d’une infection venaient d’apparaître. Ce qui n’était au début qu’un léger inconfort s’est transformé en sinusite aiguë dans les jours suivants. Ça m’a frappé fort.

Ce jour-là est devenu l’un des moments les plus bruts et vulnérables de ma carrière. J’ai craqué, et étrangement, j’en suis fier. ça demande de la force pour montrer que les choses ne vont pas toujours dans ton sens. Que même lorsqu’on veut quelque chose profondément, parfois, le corps a d’autres plans. Ce moment, aussi dur soit-il, a montré que je suis humain. Avec des hauts et avec des bas.

Quitter le Tour a été la décision la plus difficile que j’aie prise depuis longtemps. Mais c’était la bonne. Pour une fois, j’ai vraiment écouté mon corps. Et j’espère que ce moment envoie un message, surtout aux jeunes coureurs qui regardent : c’est OK de s’arrêter. C’est OK de se sentir fatigué. C’est OK d’être humain. Parfois, faire un pas en arrière est le geste le plus fort qu’on puisse faire.

Maintenant, je vais prendre du repos pour récupérer.

Merci à tous pour le soutien, cela représente plus que ce que vous pensez.

Remco »