La petite surprise de Jannik Sinner pour Alcaraz : une seconde balle agressive

Où est-ce que Jannik Sinner a fait la différence dans son match contre Carlos Alcaraz ? Un point intéressant à identifier : sa seconde balle.

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AFP

On le sait, Jannik Sinner est un véritable métronome au service. À Roland-Garros, il avait épaté par sa capacité à ne jamais commettre de doubles fautes, portant son compteur total sur le tournoi parisien à seulement trois. Contre Carlos Alcaraz ce dimanche à Wimbledon, Jannik Sinner savait qu’il devait changer quelque chose dans son jeu pour surprendre l’espagnol qui est un véritable tueur sur le gazon londonien ces dernières années. Alors qu’on pensait sûrement voir Carlos prendre de nouveau l’avantage, c’est bien Jannik Sinner qui a globalement dominé les débats, particulièrement sur ses jeux de service où, en dehors de quelques impairs au premier set, il n’a été que très peu dérangé par Carlos Alcaraz.

Pourtant, l’Italien n’a claqué que 8 aces sur l’ensemble du match, loin des 15 de Carlos. Mais Sinner avait d’autres projets pour son service, notamment sur seconde balle où Jannik a été très agressif. Un détail qui n’a pas échappé à Mats Wilander : « Elle est à l’image du reste de son tennis, avec le même état d’esprit : « Je vais jouer mon jeu, à ma façon, c’est-à-dire en m’engageant à fond sur chaque frappe. Je ne m’inquiète pas vraiment de ce qui reviendra d’en face, et je m’applique tout simplement à disputer le meilleur match possible. » Ça demande de se faire une grande confiance, à la fois en soi et en sa philosophie de jeu. »

Moments clés

Dans la troisième manche, Sinner a pris un léger avantage depuis le milieu du deuxième set, mais Alcaraz résiste et mène 4-3, pas de break. 30A sur le jeu de service de l’Italien, seconde balle. Face à un relanceur de la qualité du numéro 2 mondial, le danger est bien réel. Plutôt que de jouer la sécurité, Sinner ose une deuxième balle très appuyée à 188 km/h, qui accroche la ligne extérieure et laisse Alcaraz sans réaction. « Sinner sait que s’il sert un peu court, Alcaraz va l’agresser voire tenter le retour-volée. C’est une prise de risque calculée », analyse Julien Varlet, entraîneur et ex-135e mondial. Cet ace à 30A sera suivi d’un autre, sur première balle cette fois, puis d’un break à 4-4 en faveur de Sinner, qui empochera la troisième manche dans la foulée.

Dans le quatrième set, à 4-3 et 15-40, Sinner possède maintenant un set et un break d’avance et n’est plus qu’à deux jeux du sacre. Mais comme lors de la finale à Roland-Garros, l’Italien se met à commettre des fautes très inhabituelles. Lui qui est souvent impassible et très clutch, son bras tremble de nouveau. 15-40, deuxième balle. Comme lors de la manche précédente, Sinner décide de s’engager pleinement dans son sevice. Claquée à 177 km/h extérieure, elle surprend Alcaraz qui manque son retour de coup droit. « Sinner ne veut plus jouer de coup droit ou de revers, donc il va forcer son destin au service, sur première de préférence, mais pourquoi pas sur deuxième service », commente Fabrice Santoro sur beIN Sports.

Deux points plus tard, Sinner a écarté la seconde balle de débreak et à l’occasion de conclure son jeu de service pour mener 5-3. Sa première balle est à nouveau manquée, mais sur la seconde, il frappe un énorme service sur le T à 190 km/h. Alcaraz est battu. « Comme souvent dans cette finale, il prend des risques énormes sur deuxièmes balles pour seulement deux doubles fautes dans ce match », admire Santoro.

Une finale de Grand Chelem se joue souvent à quelques détails. Sur la terre battue parisienne, Jannik Sinner est à un coup droit dans le filet d’assener une cuisante défaite à Carlos Alcaraz, sur la meilleure surface de l’Espagnole. Là encore en finale de Wimbledon, cela aurait pu de nouveau très mal tourner. Mais Sinner a pleinement fait confiance à sa seconde balle et a ainsi arraché son premier titre sur le gazon londonien.