Ferrari a vécu un week-end cauchemardesque au Brésil avec un double abandon. Un zéro pointé qui n’a pas plu au président de la Scuderia, John Elkann. Le milliardaire italien, qui est également à la tête de Stellantis et de la holding Exor n’a pas apprécié et a descendu ses pilotes.
Lors d’un événement pour la signature d’un partenariat entre Stellantis et les Jeux Olympiques d’hiver de 2026 à Milan-Cortina, Elkann a mis en avant le travail des équipes techniques, soulignant l’évolution au cours de la saison dans des propos rapportés par l’agence AGI. « D’un côté, nous avons une équipe qui effectue les meilleurs arrêts aux stands et qui améliore indéniablement la voiture. Si l’on regarde le reste, ça ne va pas », a tranché l’Italo-américain.
Il a ensuite comparé l’écurie de F1 à celle d’endurance : « On n’obtient des résultats que si l’on travaille en équipe. Il suffit de regarder le titre mondial du Championnat du monde d’endurance ».
« Nous avons besoin de pilotes qui ne pensent pas à eux-mêmes »
Des propos qui ne laissent aucun doute sur la cible de ses critiques : les pilotes. Et John Elkann ne s’en est pas caché puisqu’il a ensuite abordé le cas de Charles Leclerc et Lewis Hamilton. « Nous avons assurément des pilotes qui doivent se concentrer sur la course et parler moins, car il nous reste encore des courses importantes à disputer et une deuxième place au championnat des équipes n’est pas impossible », s’est fendu le président. Avant de conclure par une nouvelle pique : « Nous avons besoin de pilotes qui ne pensent pas à eux-mêmes, mais qui pensent à Ferrari ».
Une sortie qui fait sans doute écho à celle de Lewis Hamilton, qui avait avoué sa déception à l’issue du Gand Prix ce dimanche au micro de Sky Sports : « C’est un cauchemar que je vis depuis un certain temps. Il y a une frontière ténue entre le rêve de piloter pour cette grande équipe et le cauchemar de nos résultats, ces hauts et ces bas. C’est un vrai défi ».
Il est vrai que dans les faits, le week-end de Ferrari a été un vrai désastre avec ce zéro pointé le dimanche et les 6 points marqués lors du sprint (Leclerc 5e et Hamilton 7e). Un mauvais résultat qui a impacté le classement des constructeurs où les rouges sont passés de la deuxième à la quatrième place.
Mais si on analyse de plus près, certes Lewis Hamilton a commis une petite erreur, mais il a ensuite été victime de malchance. De son côté, Charles Leclerc faisait un bon début de course avant d’être contraint à l’abandon suite à l’erreur d’autres pilotes.
De la 2e à la 4e place aux constructeurs
Difficile donc de blâmer les pilotes. C’est pourtant ce qu’a fait le président de Ferrari, John Elkann. Des propos difficiles à comprendre quand on voit les difficultés connues tout au long de la saison avec une Ferrari imprévisible, capable du meilleur comme du pire. Malgré cela, Charles Leclerc est tout de même parvenu à monter à 7 reprises sur le podium.
La deuxième place reste possible mais elle l’est encore non par la qualité de la Ferrari mais parce que les deux principaux concurrents des rouges ont quasiment roulé avec une seule voiture tout au long de la saison.
Chez Red Bull, Max Verstappen a rapporté la quasi-totalité des points (341 sur 366 points), Lawson et puis Tsunoda ayant du mal à tirer le meilleur de la voiture. Chez Mercedes, Antonelli a payé ses erreurs de jeunesse et c’est donc Russell (276 points sur 398) qui a ramené la majorité des points.
Ferrari semble être la seule écurie du top 4 à avoir deux pilotes expérimentés capables de se battre chaque week-end pour les points. Et c’est sans doute l’unique raison qui permet à la Scuderia d’être encore dans la course à la deuxième place au classement des constructeurs, tant la voiture semble être intrinsèquement moins performante sur la plupart des tracés que ses concurrents.
« Seule l’unité peut nous aider à renverser la situation »
Malgré cette attaque directe de leur patron, Leclerc et Hamilton ont été plutôt intelligents dans leur communication. Charles Leclerc a publié les photos du week-end sur Instagram en mettant en avant un cliché sur lequel on le voit bras dessus bras dessous avec Fred Vasseur. Le Monégasque a prôné l’unité : « Un week-end très difficile à São Paulo. C’est décevant de rentrer à la maison sans avoir marqué pratiquement aucun point pour l’équipe, alors que nous sommes à un moment critique de la saison pour lutter pour la deuxième place du championnat des constructeurs. La tâche s’annonce difficile à partir de maintenant et il est clair que seule l’unité peut nous aider à renverser la situation lors des trois dernières courses. Nous donnerons tout, comme toujours ».
« Tu es la lumière de cette équipe », « Ferrari ne te mérite pas », peut-on notamment lire dans les commentaires.
Même son de cloche chez Lewis Hamilton, qui ne s’avoue pas vaincu : « Je soutiens mon équipe. Je me soutiens moi-même. Je n’abandonnerai pas. Ni maintenant, ni avant, ni jamais. Merci, Brésil, comme toujours ».
Un appel au calme et surtout des mots bien choisis pour répondre aux propos d’Elkann. Les pilotes semblent d’ailleurs avoir le soutien des tifosis. De nombreuses pages de suiveurs de la Scuderia ont notamment lancé le #ElkannOut. Il faut dire que depuis l’arrivée du milliardaire en septembre 2018, Ferrari semble en perdition. Plus de titre pilote depuis 2007 malgré les passages de Fernando Alonso (2 titres), Sebastian Vettel (4 titres) et Lewis Hamilton (7 titres), plus de titre constructeur depuis 2008. C’est une période de disette historique que connaît l’écurie la plus titrée de l’histoire de la Formule 1.
Une chose est sûre, ça sent la crise chez Ferrari.













