Pour DAZN, c’est limpide : sans distribution multi-opérateurs, pas de modèle durable. Sans modèle durable, pas de contrat. Leur constat est donc simple : la condition essentielle étant impossible à remplir, en droit belge, selon l’opérateur de streaming, cela entraîne automatiquement l’extinction du contrat. DAZN ne résilie rien : c’est le contrat lui-même qui s’éteint, faute de pouvoir exister juridiquement. C’est la position de DAZN. Mais visiblement pas celle de Lorin Parys, le CEO de la Pro League, qui se demande sur quoi repose cette argumentation. Il a donc durci le ton, et parle d’un « attentat contre le foot belge ».
Si l’on décrypte ses mots, on voit mal comment, d’ici vendredi, DAZN et le foot belge puissent s’entendre sur une « solution de secours ». On imagine mal également DAZN faire marche arrière, au risque de mettre à mal son explication juridique. Sauf que, au final, il y a tout de même de grandes chances que cette 16ème journée de Pro League (avec Anderlecht – Union et Charleroi – La Louvière comme principales affiches) soit proposée sur… l’application DAZN. Pourquoi ? Car, sauf si la Pro League a déjà un accord avec les opérateurs, elle peut se tourner vers la justice pour qu’elle prenne des injonctions juridiques afin d’obliger DAZN à payer et à diffuser. En attendant un jugement juridique sur le fond du dossier. C’est la solution la plus probable pour ce week-end. Mais selon nos infos, ce mercredi à 10h, la Pro League n’a pas encore envoyé un tel courrier. Une fois cette injonction mise en application, une période de médiation peut de nouveau s’ouvrir. Avec DAZN. Et les opérateurs.
Pourquoi Proximus et Telenet sont peu probables
Existe-t-il d’autres solutions ? Il est d’abord important de rappeler que, si DAZN diffuse les matches sur sa plateforme depuis le début de la saison, DAZN devait aussi les produire. Dès lors, quid si la Pro League n’enclenche finalement pas sa menace juridique ? Voici un peu de science-fiction. Mais pas trop quand même… En Belgique, et surtout dans un laps de temps aussi court, une seule boîte de production est capable de réaliser un tel miracle en moins de 3 jours : Woestijnvis. Ils connaissent le job par cœur. Et qui dit Woestijnvis, dit Telenet… et Proximus. Pour rappel, Woestijnvis, c’est la boîte qui produit, pour ces deux opérateurs, la Ligue des champions. Et, nouveauté depuis cette saison, la Premier League et la Bundesliga. Que les téléspectateurs francophones peuvent suivre sur les deux nouvelles chaînes « Play Sports », disponibles via les options sportives payantes de VOO/Orange et Proximus.
Mais si Woestijnvis, et donc Telenet et Proximus, sortent du bois aussi vite, tout cela serait perçu comme « suspect ». Nous l’avions écrit en juillet dernier : autrefois concurrents, ces deux opérateurs se sont donc alliés sur le foot européen il y a deux ans (sur la Ligue des Champions). Et, dans les négociations avec DAZN, ils ont peut-être formé une sorte de « cartel » (ce qu’ils ont toujours démenti) pour ne jamais trouver d’accord avec la plateforme de streaming anglaise. Dans le but, évidemment, de faire tomber DAZN. Ce qui est, en quelque sorte, en train de se produire (même si, quoi qu’il arrive, DAZN continuera de proposer la Liga, la Ligue 1, la Serie A, la NFL, la NBA…).
Ce serait donc « gros », mais tout même possible, de voir Woestijnvis, Telenet et Proximus annoncer ce mercredi un « accord pour sauver le foot belge ». « Pendant des mois, ils ont dit qu’ils n’avaient plus d’argent car ils avaient décidé d’investir dans le foot anglais et dans le développement de la fibre optique, et maintenant, comme par magie, ils auraient gagné à l’Euromillions ! », nous glisse un observateur. Certes. Mais dans tous les cas, on imagine mal Proximus et Telenet sortir de leur poche ce que DAZN avait promis sur 5 ans (+-500 millions d’euros !). Reste aussi à voir quelle sera la position de VOO/Orange…
Un report envisageable ?
En attendant, ce scénario (diffusion de la 16ème journée et des suivantes sur Proximus et Telenet) est jouable sur papier grâce aux compétences et au savoir-faire de Woestijnvis. Et la Pro League pourrait faire valoir, comme argument, le « cas de force majeur », sans devoir repasser par un appel d’offres qui, lui, prendrait plusieurs semaines. Une telle situation s’était produite, début 2021, en France : après la défaillance de Mediapro, Canal + était arrivé en « sauveur », en diffusant l’intégralité des dernières journées de Ligue 1. En parallèle, la LFP avait lancé son appel d’offres… Qui allait déboucher sur un verdict… défavorable à Canal +, et à l’arrivée de Prime Video sur les terrains français.
Alors, quid pour ce week-end ? Le retour, vraiment surprise ?, de Woestijnvis avec Telenet et Proximus dans son sillage ? Ou un report de cette 16ème journée de championnat pour leur permettre de mieux préparer… leur retour surprise ? Ou DAZN qui est juridiquement obligé d’assurer ses obligations contractuelles ? Quoi qu’il en soit, la Pro League n’a pas le temps de mettre en œuvre son projet de chaîne à court terme (et ce serait une très mauvaise nouvelle financière pour les clubs). La saga n’est pas finie. Mais Woestijnvis en détient certainement les clés.













